S’enivrer de mots et avoir la tête dans les livres à longueur de journée ne suffit plus à notre professeur documentaliste. Il a besoin du charme de la Loire pour s’évader et s’épanouir pleinement. Amoureux de la nature et des expériences marquantes, il a souhaité faire partager aux élèves allophones les bienfaits qu’apporte la traversée de quelques minutes qui relie l’éclatant quartier de Trentemoult à l’agitation de la Cité des Ducs.
Après bien des appréhensions : « Je ne sais pas nager ! », « on va pas couler, j’espère », les collégiens ont grandement apprécié ce voyage en Navibus. Malgré la pluie battante, l’expérience semblait être plus amusante encore sur le pont où ils ont joué les capitaines de navire admirant à bâbord le musée Jules-Verne et à tribord le carrousel des mondes marins.
S’en sont suivi un brève trajet dans le tramway 1 et une marche décontractée durant laquelle la dégustation de BN au chocolat nous a permis de nous mettre dans les meilleures conditions pour découvrir l’emblématique Lieu Unique qui accueille la 8e édition du festival des littératures intitulé « Atlantide ». Cette année, le thème retenu est celui des mots du monde. Parmi les 60 écrivains invités, 24 nationalités sont représentées.
Une place de choix a été accordée à la francophonie. C’est ainsi que nous avons eu la joie de rencontrer le conteur africain Gabriel Ginsa. Il vit en France depuis trente ans mais il est resté très attaché au Congo Brazzaville dont il fait partager la culture à travers des récits qui touchent les petits comme les grands.
Un monde haut en couleurs où le souffle des ancêtres, les lézards et les crânes sont personnifiés, où la remarquable imitation du chant des oiseaux, le cri du coq, une corne d’antilope, une berceuse – un fruit rempli de graines séchées – nous ont transportés dans l’histoire de sa grand-mère Suzanne lorsqu’elle avait dix-huit saisons sèches et qu’elle se montrait peu satisfaite des prétendants qui s’offraient à elle.
Un tour à la librairie et un temps pour admirer les vitrines qui accueillent un cabinet de curiosités ont eu raison de notre matinée et nous ont mis définitivement en retard pour rentrer déjeuner. C’est ainsi que Marie-France, Corinne et Elisabeth ont eu la gentillesse de nous garder au chaud une délicieuse omelette accompagnée d’une ratatouille colorée qui nous ont réchauffé le cœur.
Gabriel Kinsa nous a appris qu’il fallait écouter davantage les choses que les êtres parce que dans chaque chose vivent encore ceux qui ne sont jamais partis… Peut-être verrons-nous désormais autrement la pluie, qui sait ?